« C’est probablement une intervention militaire », me dit Joël qui m’accompagne et me montre les différentes régions de cette grande favela avec plus de 90.000 habitants. Il y a maintenant plus de raids de l’armée et de la police dans les favelas et encore plus de victimes parmi la population : c’est le résultat de la « main forte » du gouvernement qui prétend résoudre le problème de la violence et de la criminalité en autorisant la possession et le port d’armes. Une drôle de logique qui nous rappelle les États-Unis.
Les enfants et jeunes de familles très pauvres trouvent refuge au CACEF : refuge, c’est bien le mot qu’il faut utiliser. Les favelas sont souvent des lieux de guerre, d’absence de loi et de sécurité. Au lieu de s’attaquer aux racines du problème en remédiant aux situations de pauvreté de plus en plus extrêmes par des mesures d’accès à l’éducation et à la santé, ainsi que par la création d’emplois, le gouvernement brésilien coupe les fonds pour les projets sociaux et diminue les ressources destinées à l’enseignement. C’est un vrai cercle vicieux : difficile d’en prévoir la fin! Les quelque 140 enfants bénéficiaires du programme du CACEF ont de la chance : ils profitent d’un espace sécurisé, d’une éducation et d’un appui pour se préparer à prendre leur vie en mains.
Au fil des années on peut avoir l’impression que c’est un projet sans fin, répétitif. Oui, c’est vrai qu’on peut difficilement prédire quand la classe politique brésilienne va enfin prendre au sérieux les problèmes sociaux du pays. Oui, c’est un projet répétitif, mais il montre des résultats convaincants pour tous les enfants et jeunes qui ont passé et qui passent encore actuellement du temps au CACEF. C’est ici qu’ils apprennent à se respecter au milieu du climat de mépris et de haine de la favela. A rester pacifiques au milieu de la violence. Ces jeunes et enfants sont bien conscients des chances qui leur sont offertes par une éducation qui cherche à remédier aux grandes lacunes du système scolaire et à l’impuissance des familles déstructurées. João est un bel exemple avec son initiative d’un petit magasin au cœur de la favela : il prend son destin en mains envers et contre toutes les difficultés.
Pour ma visite, les enfants ont préparé une petite présentation culturelle, ils chantent la chanson de Michael Jackson : « Heal the world ». L’amour et le respect dans un milieu violent, de drogues et d’armes, voilà l’un des objectifs du centre CACEF, l’« Espoir du futur » !
Patrick Krãnipî Godar