« Heute schon die Welt verändert? » chez l'épicerie OUNI à Luxembourg

Shop webOUNI, abréviation de « Organic Unpackaged Natural Ingredients », signifie « sans » en luxembourgeois. Première épicerie bio sans emballages au Luxembourg, OUNI se pose comme une alternative écologique aux supermarchés conventionnels. Il est désormais possible de faire ses courses sans produire de déchets. Vous pouvez remplir et peser vos propres contenants pour les produits en vrac et acheter d’autres produits, tels que le lait et le yaourt, dans des bocaux ou bouteilles en verre consignés. (www.ouni.lu) Nous nous sommes entretenus avec Anne-Claire Delval et Rébecca Maroko de la cooperative OUNI.

Pouvez-vous décrire brièvement votre initiative ?
L’épicerie OUNI a ouvert ses portes en décembre 2016. Cette initiative est née suite à la volonté de plusieurs personnes de créer un endroit convivial où l’on puisse acheter des produits de qualité, d’origine biologique, en produisant le moins de déchets possible. OUNI est une société coopérative, ce qui signifie qu’elle appartient à ses membres et qu’elle est gérée par ses membres.
D’abord, nous avons organisé une réunion d’informations et constaté que notre idée répondait à une attente : à la fois le souhait de réduire les emballages, dans une épicerie et aussi de le créer sous forme de coopérative.
Évidemment, l’investissement initial a été de taille (180.000 €), puisqu’il fallait acheter un certain nombre d’équipements, nécessaires à ce type de magasin. Grâce au généreux support de la communauté (c’était un projet « crowdfunding »), nous avons réussi à collecter plus que cette somme endéans quatre mois – des centaines de personnes privées ont acheté une ou plusieurs parts de la coopérative.
OUNI est donc une coopérative à capital variable (250.000 €) qui regroupe un total de 751 membres. A l’origine, 7 femmes fondatrices et aujourd’hui 6 membres du CA qui pilotent les divers groupes de travail. Nous avons une gérante à temps plein qui s’occupe de la gestion de l’épicerie et des stocks. Trois personnes sont engagées à temps partiel en tant que vendeurs (et deux autres qui se partagent pour le moment le poste de gérance puisque la nôtre est en congé maternité). Nous avons des membres « simples » qui ont acheté au moins une part (au prix de 100€/part) et des membres actifs qui s’engagent, en plus, à prester un minimum de deux heures par mois dans le magasin et bénéficient, en contrepartie, de 5% de réduction sur leurs achats. Certains, parmi eux, consacrent, en plus et bénévolement, du temps à divers groupes de travail (fournisseurs, membres, aménagement, communication,…)
silos2 webQuelles étaient vos motivations pour créer cette initiative ?
Nous étions plusieurs à ne plus accepter l’absurdité de voir tant de déchets dus à l’emballage de nos aliments et de nos biens de consommation en général. La gestion de tous ces déchets est hallucinante : soit ils sont enfouis, soit exportés, soit brûlés, soit jetés dans les océans…
La solution était de créer un lieu alternatif, agréable et convivial où faire ses courses, en réduisant au maximum les emballages. Ainsi est née OUNI…
Avez-vous l’impression que vous êtes en train de changer le monde, à petite échelle, à votre niveau, par votre initiative?
Oui, clairement, et non pas uniquement pour la réduction des déchets. Nous avons créé une vraie communauté, des liens se sont mis en place. C’est un tissu qui s’élargit chaque jour, un mouvement très fédérateur. Nous changeons doucement le point de vue que nous avons sur le monde. C’est un vrai partage humain, des réflexions menées ensemble. Chez OUNI, on sent la chaleur humaine dès que l’on pousse la porte de l’épicerie.

Comment ont réagi les gens par rapport à votre initiative ? Pourriez-vous nous donner quelques exemples concrets (positifs et négatifs) de réactions des gens ?
Les membres sont très impliqués, ce qui peut être positif et négatif à la fois, dans le sens qu’ils sont actifs et engagés, mais, par conséquent qu’ils aimeraient aussi participer à toutes les décisions. Néanmoins, avec autant de membres, il faut une personne qui ait le pouvoir de décision ultime ; chez OUNI, c’est le gérant, si on n’arrive pas à un consensus.
Un exemple : certaines personnes aimeraient qu’on ne propose pas de bananes, comme c’est un fruit exotique, donc pas régional… D’un autre côté, nous avons des clients à satisfaire, une épicerie à faire fonctionner. Parfois, il est difficile de trouver un équilibre entre un grand nombre d’opinions différentes.

En général, lorsqu’on lance un produit, il est testé par plusieurs membres qui donnent leur feedback. Ces avis sont discutés, et c’est le gérant qui prend la décision ultime d’intégrer ou non ce produit à notre assortiment. En fait, OUNI n’est pas puriste ni dans l’excès mais dans le dialogue et l’écoute. Il faut cependant savoir aussi qu’on ne peut pas tout vendre. Ainsi, vous ne trouverez pas de viande chez OUNI, puisque nous ne pouvons pas répondre aux critères exigés pour la boucherie.

OUNI veut faire un premier pas et contribuer à la réduction des déchets d’emballage. Pour certains clients, le fait de ne pas trouver de sachets plastique ou papier peut être perçu négativement, s’il n’y est pas préparé du tout. Nous proposons néanmoins d’autres solutions, comme acheter un panier consigné, des sachets en tissu ou des bocaux en verre par exemple. Nous disposons également de bocaux en verre gratuits, récupérés, qui peuvent dépanner lors d’une première visite.

Comment peut-on contribuer à une meilleure qualité de vie (pour soi-même et les autres) à travers de telles initiatives ?
Au-delà du magasin pour faire des courses, nous veillons à rendre le lieu agréable, convivial, beau : parmi nos membres, certains sont créatifs ou travaillent dans le domaine de la mode et s’attachent à rendre l’endroit toujours plus attrayant, chaleureux.

OUNI n’est pas une épicerie comme les autres, dans le sens où notre but n’est pas de vendre pour vendre et faire du profit à tout prix. Il n’y pas une logique purement commerciale, au contraire, nous formons une communauté et aidons les consommatrices et consommateurs à générer moins de déchets, en devenant acteurs, en modifiant leur façon d’acheter.

sac a vrac webEn quoi venir faire ses courses à l’épicerie OUNI se différencie du fait de faire ses courses dans un supermarché (en termes de préparation : prévoir les récipients, préparer son déplacement,… etc.)
La première fois qu’on fait ses courses chez OUNI, on peut être pris au dépourvu sans contenants ni récipients… mais il y a des solutions créatives, des cabas consignés, des sacs en tissus, des bocaux en libre-service ou à acheter.
Après un temps d’adaptation, les bons réflexes se mettent en place et chacun trouve ses solutions, les propose, les suggère. Les vendeurs et les membres sont toujours disponibles pour donner un coup de main, avec les balances, par exemple. Le système est vraiment simple et facile à comprendre. Et puis il y a aussi des clients déjà habitués qui initient les nouveaux venus au « système OUNI ». C’est un cercle vertueux !
Chez OUNI, on ne pousse pas à la consommation ni au stockage, au contraire. Le principe est plutôt d’acheter juste ce dont on a besoin, donc à ne pas stocker. OUNI invite à passer plus souvent, puisque c’est un endroit sympathique, qui permet de vrais échanges humains !
Parfois on dit que c’est plus cher d’acheter chez OUNI. En fait, c’est le volume qui diminue, mais la qualité du produit est plus élevée. En puis, on ne paie pas l’emballage…
Estimez-vous qu’on doit prévoir plus de temps si on fait ses courses à l’épicerie OUNI ?
Oui et non (rires)… on s’habitue rapidement aux réflexes OUNI, comme dans tout autre magasin ou grande surface. Mais on apprécie aussi de discuter, d’échanger…, alors il faut parfois prévoir davantage de temps… pour prendre une tasse de café, se poser un instant pour venir aux nouvelles.

Comment se passe le rapport entre le client/la cliente et l’employéE à l’épicerie OUNI ? Avez-vous déjà des clientEs fidèles, qui reviennent régulièrement ?
Oui, nous avons de plus en plus de clientEs fidèles, qui font preuve, en général, de bienveillance et d’indulgence (si un produit vient à manquer, par exemple). Mais OUNI s’améliore aussi au fil du temps. Nous « apprenons en faisant » - « learning by doing ».
Le contact est très personnalisé, nous essayons de répondre à toutes les questions des clients et à donner un coup de main dès que nécessaire.
On peut dire qu’il y a 3 profils de clients :
- le membre de la coopérative OUNI, client hebdomadaire ou bimensuel
- le client du quartier, qui peut même être un client quotidien
- des clients qui sont convaincus par le concept, qui viennent du Nord du pays, par exemple, une à deux fois par mois.
Il y a aussi des gens qui viennent pour des produits spécifiques.
Anne-Claire et Rebecca, nous vous remercions pour cet entretien intéressant !

Toutes les photos de cet article sont ©OUNI. Merci beaucoup!

 


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