IMG 2252 rogne« Wat ass Liewensqualitéit? » en RD Congo

Nous retrouvons aujourd’hui notre partenaire de République Démocratique du Congo, qui nous a expliqué la situation actuelle au Congo dimanche dernier (4 mars 2018). Qu’en est-il de la qualité de vie dans de telles conditions? Qu’en est-il de la liberté, qui sans doute est un élément important, si on veut parler de « qualité de vie » ?

Comme on l’a évoqué dimanche dernier, toutes les structures éligibles sont actuellement hors mandat au Congo, parce que les élections sont reportées depuis plus d’un an. La population a perdu toute confiance dans la politique et les politiciens, qu’ils soient du gouvernement ou de l’opposition. Si vous entendez les gens dans la rue parler non pas du « parlement » mais du « parle-et-ment », cela veut tout dire. La population en a assez des politiciens qui utilisent le pouvoir pour s’enrichir plutôt que pour améliorer les conditions de vie de la population. Elle se soulève et organise des manifestations pour montrer son opposition, mais ces événements sont réprimées dans le sang.
J’aimerais rendre hommage à tous ceux qui osent parler et s’exprimer dans ce pays. Notamment aux journalistes à Kinshasa, qui se situent dans la gueule du Léopard, comme on a l’habitude de dire chez nous. Mais également aux rares politiciens qui s’engagent et à tous ces hommes de l’Eglise, à la Conférence Episcopale, qui s’est exprimée de manière très claire contre la façon de faire des dirigeants. Je pense ici entre autres au Cardinal de Kinshasa, Laurent Mosengwo, qui, suite à la répression sanglante des chrétiens qui manifestaient pacifiquement pour l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre, a dit : « Il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD Congo. » Pour ces mots, il a reçu de nombreuses attaques et des menaces de mort.
Personnellement, j’ai donné une interview au quotidien suisse « Tagesanzeiger » en juillet 2017. Je l’ai fait par amour pour cette population qui souffre énormément. Je suis prêtre et je ne vis pas en adepte du christianisme de bourgeoisie. Mon mot d’ordre me vient de Saint Irénée qui disait, « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » : la cause de Dieu est la cause de l’homme. Alors, il faut s’exprimer là où l’injustice est pratiquée, là où la population souffre, il faut se battre par les mots sur le terrain de la réalité, même si, en s’exprimant, on se met en danger et on risque sa vie.
D’autre part, vous savez, les Africains en général et les Congolais en particulier, ont une vie quotidienne si précaire et si fragile, qu’ils connaissent bien les situations où un petit rien peut faire tout basculer. Pour cette raison, nous faisons confiance à la Providence et nous avons la chance de savoir apprécier chaque nouveau jour comme une opportunité et de savoir valoriser le moment présent. A travers les souffrances vécues, nous devenons forts : même au milieu de la détresse, il y a de la joie, comme par exemple lorsque j’arrive chez les familles qui ont fui dans la brousse. Ils ne se lamentent pas des difficultés à supporter. Ils se disent que « tout ce qui ne t’anéantit pas, te rend plus fort ».

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