DSC00447 web« Wat ass Liewensqualitéit? » chez les indigènes du Brésil

Au Brésil, partage.lu soutient les peuples indigènes depuis plus de 20 ans. Actuellement la Fondation appuie ceux du Goiás et du Tocantins à travers le CIMI (Conseil Indigéniste Missionnaire) qui les forme au sujet de leurs droits, afin qu’ils puissent mieux les défendre et ainsi protéger leurs territoires et leur mode de vie. Une attention particulière est accordée à la situation des femmes indigènes et à leur intégration dans le processus de décision politique.

Pour quoi les peuples indigènes se sentent-ils responsables? 
Les peuples indigènes se sentent responsables pour leur mère, la Nature. Dans la cosmovision du peuple Xerente, par exemple, les êtres humains, les indigènes sont sur la terre afin d’y rétablir l’équilibre. Il y a eu confusion et déséquilibre sur la terre, le Soleil et la Lune sont retournés dans le Ciel… C’est pourquoi les indigènes ont été appelés, en tant que « Seigneurs de la Nature », à protéger la nature et à rétablir l’équilibre, afin qu’on revienne à une « Terra Sem Males » - une terre sans maux.
Prioritairement, les indigènes se sentent donc responsables pour la protection de la planète, pour la nature, mais dans leur tradition, ils assument aussi leur responsabilité envers les enfants, les aîné(e)s et leur communauté.

BD Divers jvalente MG 3253Dans quel sens la qualité de vie des indigènes est menacée par notre civilisation, càd. par le gouvernement brésilien et la société brésilienne ?
Il y quatre menaces principales et malheureusement réelles et concrètes :
Depuis un an et demi, les attaques politiques contre les droits des peuples indigènes à leur terre, garantis par la Constitution de 1988, constituent la première menace. Le gouvernement de Dilma Rousseff a commencé à affaiblir ces droits constitutionnels, chose que le gouvernement Temer actuel ne fait qu’aggraver. Ce gouvernement intérimaire néolibéral soutient l’agro-industrie à instiguer systématiquement des interprétations inappropriées des droits des peuples indigènes afin d’anéantir les fondements garantissant leurs droits à leur terre. Le Brésil se prépare aux élections qui auront lieu en octobre 2018. Les résultats de ces élections vont être déterminants en ce qui concerne les droits des peuples indigènes à leur terre.
La deuxième menace représente toujours et encore l’agrobusiness, à travers l’accaparement des terres (« landgrabbing »). Ce lobby puissant agro-industriel a énormément d’influence car il présente la majorité au Congrès National au Brésil. Suite aux scandales de corruption de ces dernières années, le Parti des Travailleurs (de Dilma et Lula) et la gauche ont perdu beaucoup de crédit au Brésil. Ce sont logiquement la droite et le centre qui en profitent pour gagner en importance et en poids politique.
Il n’y a pas de lobby, presque pas d’acteurs politiques ni évidemment économiques, qui défendent la cause des indigènes au Brésil, à part quelques associations, le CIMI (Conseil indigéniste Missionnaire), le partenaire de partage.lu, et la Conférence Épiscopale brésilienne. Ce sont les seuls qui s’engagent à ce que le droit à la terre des peuples indigènes reste ancré, envers et contre tout, dans la Constitution. Un exemple d’affaiblissement voire de manipulation au niveau de l’interprétation des droits des indigènes est le suivant : l’agrobusiness vise à stipuler que les indigènes puissent louer leurs territoires, par exemple à des géants agroindustriels. Or, ceci n’est pas légal car la terre n’appartient pas, de fait, aux peuples indigènes, mais à la Fédération du Brésil, donc ce serait une pratique anticonstitutionnelle.
Ce que l’agro-industrie est en train de faire nuit à grande échelle à la qualité de vie des indigènes, non seulement parce qu’elle essaie de manipuler l’interprétation des droits des peuples indigènes à la terre, en faveur de ses propres intérêts, mais aussi en détruisant leur habitat naturel. Autour des territoires réservés aux indigènes, l’agrobusiness implante des monocultures qui accaparent l’eau des fleuves. Le niveau de l’eau des fleuves et des sources baisse ou alors les cours d’eau s’assèchent complètement. Or, cette eau est vitale et indispensable aux peuples indigènes qui vivent entourés de monocultures de soja et de palmiers à huile. En plus, les pesticides utilisés sur les champs de ces géants de l’agrobusiness empoisonnent l’eau ainsi que les poissons que consomment les indigènes.
BD Krahó jvalente MG 6288La troisième menace est constituée par les propriétaires fonciers qui ont besoin de milliers d’hectares de pâturage pour leur bétail, donc encore une puissance qui convoite les territoires des indigènes. Ces propriétaires fonciers pratiquent la déforestation massive au sein de l’Amazone et leurs innombrables vaches qui y pâturent détruisent le sol.
Finalement, la dernière et quatrième menace se traduit à travers des projets économiques géants pour l’Amazonie, élaborés et réalisés par le gouvernement brésilien lui-même qui ne se soucie guère de la survie de ses peuples indigènes, ni d’ailleurs de la protection de la nature ou du changement climatique. Ce gouvernement projette d’ouvrir les grands fleuves de l’Amazonie à la navigation afin de pouvoir transporter plus facilement des produits destinés à l’exportation. Il y en a d’autres qui profitent du fait de rendre ces fleuves praticables à la navigation : ce sont les entreprises de construction, fournisseurs de ciment pour ces projets de construction gigantesques.
Ce sont ces mêmes entreprises qui s’enrichissent à travers la construction de barrages. Actuellement, les peuples indigènes se voient confrontés à la planification et à la construction de dizaine de grands barrages. Depuis 25 ans, ces entreprises telles qu’Odebrecht (entreprise brésilienne qui opère dans la construction, la pétrochimie, la défense et technologie, le transport et la logistique, le carburant et d'autres secteurs) fleurissent au Brésil et alimentent la corruption et la destruction de la forêt amazonienne, habitat des peuples indigènes, mais aussi poumon vert de notre planète !
À ces géants de la construction de ciment s’ajoutent les entreprises minières, intéressées à exploiter les minérais, l’or et les diamants dont regorgent littéralement les territoires des populations indigènes. Tous ces acteurs intéressés à expulser les populations indigènes de leurs territoires s’acharnent non pas à changer complètement la Constitution de 1988 garantissant le droit à la terre des indigènes (ce serait une façon trop apparente pour s’affronter aux peuples indigènes), mais plutôt à l’affaiblir « en douceur », afin de pouvoir tirer profit des territoires réservés aux indigènes.
BD Krahó jvalente MG 6248

Comment les peuples indigènes arrivent à survivre aujourd’hui et à mener leur vie en veillant à ce que leurs traditions, leur culture, leurs besoins et leurs droits soient respectés ?
Ne nous voilons pas la face : la transition est là ! Il y a des peuples qui sont déjà en contact depuis longtemps avec les « blancs », donc il y a diverses influences sur leur mode de vie, à travers ce contact. Le peuple Xerente en est un exemple. Le peuple Krahô, au contraire, a vécu plus en retrait par rapport au monde occidental, ce qui fait que ce peuple est moins ouvert au changement (moins de jeunes font des études, par exemple) : entrer sur leur territoire n’est pas évident.
En fait, la seule façon qui garantisse le mode de vie traditionnel des peuples indigènes est le fait que leur droit à la terre soit assuré. Les peuples qui veulent continuer à vivre selon leur culture doivent lutter pour ce droit. Seule la garantie de cet espace réservé aux peuples indigènes leur donne le pouvoir de décider eux-mêmes comment ils veulent organiser leur vie. A ce moment-là, ils peuvent transmettre leurs traditions, leurs langues et leur culture à leurs descendants.
L’éducation n’est qu’un des exemples de l’influence du monde occidental. Les enfants ont la possibilité d’aller à l’école dans les réserves, jusqu’en 3e ou 4e année de l’école fondamentale. Ce sont des enseignants indigènes qui leur donnent les cours et les petits y apprennent notamment leur langue et leur culture indigènes. Ensuite, les jeunes continuent leur scolarité au lycée dans les villes, avec la population brésilienne. C’est le moment critique où se pose la question : voudront-ils continuer leur mode traditionnel de vie et revenir dans les réserves, ou préféreront-ils le monde occidental ?
Le CIMI (Conseil indigéniste Missionnaire), partenaire de partage.lu, les accompagne dans leur choix, mais c’est eux qui doivent prendre la décision. Le CIMI leur propose des formations et des sensibilisations, iI les soutient s’ils décident de lutter pour leur droit à la terre. Le CIMI ne leur « cache » pas le monde occidental : les indigènes connaissent les commodités du monde des « blancs », mais ils se rendent aussi compte des dangers de ce monde. Ils sont également conscients du fait qu’ils sont peu, voire mal acceptés, par la population brésilienne.
À titre d’exemple, c’est au jeune indigène lui-même qu’appartient la décision finale, après ses études de droit pour devenir avocat: restera-t-il dans le monde occidental brésilien avec toutes ses commodités et technologies modernes, où il sera néanmoins toujours considéré comme un indigène, ou retournera-t-il travailler, sans gagner d’argent, dans sa réserve, pour s’engager dans la lutte pour les droits de son peuple ?

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